Les trois institutions culturelles fédérales - La Monnaie, Bozar et le Belgian National Orchestra - s'associent pour proposer pendant deux saisons l'intégrale des symphonies de Gustav Mahler. Cette saison, vous pourrez déjà (re)découvrir les Première, Deuxième, Cinquième et Sixième Symphonies ! Au programme également, les Lieder eines fahrenden Gesellen de Mahler.

Mahler 1, "Titan" (Belgian National Orchestra & Roberto González-Monjas)

Le dimanche 24 septembre à 15h à Bozar, le Belgian National Orchestra dirigé par Roberto González-Monjas entamera ce cycle Mahler avec la Première Symphonie. Le Cinquième concerto pour violon de Mozart sera également au programme, avec la violoniste russo-britannique Alina Ibragimova comme soliste.

La Première symphonie de Mahler s’ouvre sur l'éveil de la nature : les cordes tissent de fines volutes de brume tandis que les bois imitent le chant des oiseaux. Après une conclusion exubérante et pleine d'entrain, le deuxième mouvement s'ouvre sur une danse populaire paysanne soutenue par des cordes profondes. Le troisième mouvement est une danse funèbre ironique basée sur la mélodie de Frère Jacques en mode mineur. Mahler se serait inspiré d’une gravure sur bois de Moritz von Schwindt. Wie die Tiere den Jäger begraben (« L’enterrement du chasseur ») convoque dans un bois un cortège d’animaux et même quelques Musiciens de Brême qui portent un chasseur jusqu’à sa dernière demeure. L’ironie est ici à peine dissimulée. Le quatrième et dernier mouvement s’ouvre sur « une brusque explosion de désespoir d’un homme touché en plein cœur ». Dans les 20 minutes suivantes, Mahler exprime le passage des ténèbres à la lumière, avec force et puissance. La symphonie se referme sur une brillante apothéose, les sept cornistes se levant comme un seul homme.
 

Mahler 2, "Auferstehung" (Orchestre symphonique de la Monnaie & Alain Altinoglu)

Le dimanche 1er octobre à 17h à Bozar, l'Orchestre symphonique de la Monnaie, sous la direction d'Alain Altinoglu, se lancera dans la Deuxième symphonie de Mahler. Ilse Eerens (soprano), Nora Gubisch (alto), les Chœurs de la Monnaie et le Chœur de la radio flamande se joindront à l'orchestre. 

Des trompettes de l'Apocalypse. Un orgue. Un gigantesque orchestre symphonique et un chœur tout aussi imposant. Un "Fernorchester" supplémentaire. Des cloches. Des solistes vocaux. C'est tout ce qu'il faut pour interpréter la monumentale Deuxième symphonie de Gustav Mahler. L’ampleur des moyens trahit l'ambition du message : ce ne sont pas les difficultés et les malheurs de la vie, ni la misère et la peur, ni même la mort qui ont le dernier mot. L'homme est capable de se vaincre lui-même et de vaincre sa mortalité.  De l'austère marche Totenfeier du premier mouvement à l'extase euphorique du chœur final, cette "Auferstehungssymphonie" ("symphonie Résurrection") tient l'auditeur en haleine durant une heure et demie.

Lieder eines fahrenden Gesellen (Orchestre symphonique de La Monnaie & Alain Altinoglu)

Le dimanche 18 février à 17h à Bozar, l'Orchestre symphonique de la Monnaie, sous la direction du chef d'orchestre Alain Altinoglu, interprètera les Lieder eines fahrenden Gesellen de Mahler, avec le baryton Stéphane Degout comme soliste. Au programme, le Concerto pour violon de Korngold (avec la soliste Saténik Khourdoian), les Cinq pièces pour orchestre d'Arnold Schoenberg, mais aussi la musique de John Williams composée pour les films Harry Potter. 

L'adieu et la mort sont les thèmes fondamentaux des Lieder eines fahrenden Gesellen de Mahler. Dans ce cycle de lieder pour orchestre, Mahler a intégré sa rupture amoureuse avec Johanna Richter dans six poèmes, dont quatre ont été composés sous forme de lieder (poème chanté). Le contraste typiquement romantique de l'amant insupportablement tourmenté dans un cadre naturel idyllique n'est résolu que lorsque le protagoniste s'endort pour toujours sous un tilleul.
 

Mahler 6, "Tragique" (Belgian National Orchestra, Orchestre symphonique de la Monnaie & Antony Hermus)

Le dimanche 14 avril à 15h à Bozar, le Belgian National Orchestra s'associera à l'Orchestre symphonique de la Monnaie pour une interprétation de la Sixième Symphonie de Mahler sous la direction musicale du chef d'orchestre Antony Hermus. Le 23e concerto pour piano de Mozart sera également au programme, avec le pianiste argentin de renommée mondiale Nelson Goerner en tant que soliste.

Mahler a composé sa Sixième symphonie dans ce qui fut peut-être la période la plus heureuse de sa vie. Pourtant, cette œuvre, parfois surnommée "La Tragique", semble particulièrement sombre. Nombreux sont ceux, notamment sa femme Alma Mahler, qui lui attribuèrent un caractère prophétique, y voyant le présage d’une tragédie personnelle et historique. Le décès de la fille aînée de Mahler, sa démission forcée de son poste de chef de l’Opéra d’État de Vienne, le terrible diagnostic d’une endocardite, ainsi que la Première guerre mondiale sont autant d’événements tragiques imminents suggérés musicalement dans la très sombre Sixième symphonie. Le quatrième et dernier mouvement est le plus connu : les puissants coups de marteau qui se font entendre dans le finale préfigurent les coups assénés par le destin. La Sixième symphonie est, avec la Huitième, la plus grandiose de Mahler. Chacune de ses exécutions offre aux auditeurs des moments inoubliables, profondément émouvants.
 

Mahler 5 (Dallas Symphony Orchestra & Fabio Luisi)

Le dimanche 16 juin à 19h à Bozar, le Dallas Symphony Orchestra, sous la direction musicale de Fabio Luisi, interprètera la Cinquième Symphonie de Mahler. Le Deuxième concerto pour violon de John Williams sera également au programme.

Bien que John Williams soit surtout connu pour ses musiques de films désormais légendaires (telles que Star Wars et Harry Potter), le maestro américain a également laissé une œuvre symphonique fascinante. De quoi piquer votre curiosité, avec pour l'occasion son Deuxième concerto pour violon et orchestre, porté ici par l'incroyable talent d'Anne-Sophie Mutter, star mondiale du violon, découverte à l'âge de 13 ans par Herbert von Karajan. Pour sa tournée européenne sous la direction de Fabio Luisi, le Dallas Symphony Orchestra vous propose l'une des œuvres phares du répertoire symphonique en guise de seconde partie : la Cinquième Symphonie de Mahler. Un clin d'œil à John Williams ? Peut-être : cette œuvre profonde et intense doit une partie de sa popularité à son utilisation par Luchino Visconti comme bande originale de son film Mort à Venise.